I. Définitions
Œdèmes localisés favorisés par une cause locale (veino-lymphatique).
Œdèmes généralisés avec rétention hydrosodée perceptible cliniquement dans le tissu interstitiel.
Anasarque : œdèmes généralisés avec épanchements des cavités séreuses pleurales et péritonéales (ascite).
II. Physiopathologie des œdèmes
Altération de l’hémodynamique capillaire :
– Augmentation de la pression hydrostatique capillaire ;
– Diminution de la pression oncotique plasmatique ;
– Augmentation de la perméabilité capillaire.
Rétention de sodium et d’eau par le rein :
– hypervolémie vraie : rétention primaire de sodium par le rein au cours de l’insuffisance rénale ;
– hypovolémie relative ou « efficace » : insuffisance cardiaque droite ou globale, décompensation œdémato-ascitique de cirrhose, hypoalbuminémie en particulier du syndrome néphrotique.
III. Manifestations cliniques et biologiques des œdèmes généralisés
Signes cliniques :
– si rétention hydrosodée > 3 % du poids du corps (soit 2 à 3 litres de VEC) ;
– bilatéraux et symétriques ; blancs, mous, indolores ; déclives, prenant le godet ;
– anasarque ;
– poids (surveillance de l’efficacité du traitement).
Signes biologiques associés aux œdèmes généralisés :
– si hémodilution : diminution (modérée) de l’hématocrite et de la protidémie.
IV. Orientation diagnostique en présence d’œdèmes généralisés
Insuffisance rénale : créatininémie.
Syndrome néphrotique : protéinurie, albuminémie.
Insuffisance cardiaque : droite ou globale : échographie cardiaque, BNP.
Décompensation œdémato-ascitique (cirrhose éthylique ou virale) : ascite, hypertension portale.
Hypoalbuminémie (autre que syndrome néphrotique) :
– anorexie et dénutrition ;
– malabsorption ;
– insuffisance hépato-cellulaire ;
– diarrhée exsudative avec perte de protéines d’origine digestive ;
– brûlures étendues ;
– inflammation chronique.
Œdèmes cycliques idiopathiques.
Grossesse : pré-éclampsie (HTA, œdèmes, 3e trimestre).
V. Traitement des œdèmes généralisés
Principe : induire un bilan sodé négatif.
1. Restriction des apports sodés
Régime désodé : 2 à 4 g de NaCl/j (observance vérifiée par la natriurèse des 24 h : 17 mmol de Na dans les urines = 1 g de Na).
Si hyponatrémie ou insuffisance rénale avancée : restreindre aussi les apports hydriques.
2. Augmentation de l’élimination du sodium
Diurétiques de l’anse (DA) :
– Furosémide et Bumétanide : dose augmentée si la fonction rénale est altérée ;
– IV si les œdèmes sont majeurs, ou résistants aux diurétiques per os :
• furosémide : 20 à 500 mg PO ou IV (titration progressive) intérêt de la perfusion continue si résistance,
• bumétanide : 1 à 12 mg, posologies per os et IV équivalentes.
Diurétiques d’action distale = synergie avec les diurétiques de l’anse :
– Spironolactone et amiloride (épargneurs de potassium, contre-indiqués si IR sévère) ;
– Thiazidique (hydrochlorothiazide) : si résistance au traitement par diurétique de l’anse au long cours.
3. Surveillance
Contrôler l’efficacité du traitement diurétique : poids (sous réserve d’une stabilité de la natrémie), disparition des œdèmes.
Détecter les effets secondaires du traitement diurétique :
– insuffisance rénale fonctionnelle : urée et créatinine sanguine ;
– hémoconcentration : protidémie, hématocrite ;
– troubles ioniques : kaliémie (+++), natrémie.