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Physiologie et physiopathologie rénales
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VI. EFFETS SECONDAIRES DES DIURETIQUES ET PRECAUTIONS D’EMPLOI

Ils sont liés à leur mode d’action et sont résumés dans le tableau 1.

Tableau 1. Complications des diurétiques

• Déplétion volémique (tous)
• Hypokaliémie (ACTZ, DA, TZD)
• Hyperkaliémie (DEK+)
• Alcalose métabolique (TZD et DA)
• Acidose métabolique (ACTZ et DEK+)
• Hyponatrémie (TZD)
• Hyperuricémie (DA, TZD)

ACTZ : acétazolamide ; DA : diurétiques de l’anse ; TZD : thiazides ;

DEK+ = diurétiques épargneurs de potassium

A. Accidents hydroélectrolytiques

[*1. HYPOKALIEMIE*]

• L’effet hypokaliémiant est surtout observé avec les diurétiques proxi-maux, les diurétiques de l’anse et à un moindre degré les thiazidiques. Sous traitement par les thiazidiques la kaliémie ne s’abaisse que discrètement.

• Les sujets exposés au risque d’hypokaliémie sont ceux dont les apports sodés sont élevés (échanges Na-K dans le tube collecteur) et présentant un hyperaldostéronisme (primaire ou secondaire).

La mesure de la kaliémie est indispensable avant tout traitement puis régulièrement au cours du suivi. Une kaliémie égale ou inférieure à 3,6 mEq/L impose une compensation (aliments riches en K) et surtout l’adjonction d’un diurétique épargnant le potassium.

[*2. DESHYDRATATION ET HYPONATREMIE*]

• L’hyponatrémie est le plus souvent liée à l’utilisation de diurétiques thiazidiques chez le sujet âgé, ayant une prise de boissons trop abondante, en régime désodé et/ou une autre cause d’hyponatrémie associée (insuffisance cardiaque, cirrhose, hypothyroïdie). Enfin, elle peut être favorisée par la diarrhée, un syndrome infectieux et les fortes chaleurs.

Une insuffisance rénale fonctionnelle peut se développer. De plus l’adjonction d’un IEC ou d’ARA2 peut chez un patient déshydraté être à l’origine d’une baisse importante de la filtration glomérulaire.

[*3. HYPERKALIEMIE*]

Plusieurs facteurs augmentent le risque d’hyperkaliémie lors de la prise de diurétiques épargneurs de potassium :
 l’insuffisance rénale ;
 la néphropathie diabétique ;
 l’administration simultanée d’un IEC ou d’ARA2 ;
 la prise d’AINS ;
 une supplémentation potassique.

[*4. HYPOMAGNESEMIE*]

Elle s’observe essentiellement sous diurétiques de l’anse, et à un moindre degré après prise de thiazidiques.

B. Effets métaboliques

• Augmentation du taux des triglycérides et du cholestérol, modérée et transitoire.

Hyperuricémie : toute thérapeutique diurétique (en dehors de la spironolactone) s’accompagne d’une élévation de l’uricémie.
L’hyperuricémie au long cours s’accompagne rarement de crises de goutte ; elle n’est pas un facteur de risque vasculaire.

C. Autres effets secondaires

• La tolérance générale des diurétiques est en règle excellente.

• Cependant ont été décrits :
 accidents allergiques sous thiazidiques ;
 gynécomastie chez l’homme et troubles menstruels chez la femme sous spironolactone.

• Enfin les diurétiques diminuent la clairance du lithium ce qui nécessite un contrôle de son taux plasmatique.

D. Diurétiques et insuffisance rénale

• Les diurétiques thiazidiques perdent leur efficacité en cas d’insuffisance rénale (clairance de la créatinine inférieure à 30 ml/mn).

• Les diurétiques distaux exposent au risque d’hyperkaliémie grave et sont contre-indiqués dans l’insuffisance rénale sévère.

• Seuls les diurétiques de l’anse conservent leur efficacité et sont licites chez un patient ayant une insuffisance rénale sévère (< 30 ml/mn de clairance). Il peut être nécessaire d’utiliser une forte posologie de furosémide pour obtenir un accroissement de la natriurèse.